mardi 19 avril 2016

survivance

Tiré du néant de mon cœur trahi
Déchaleboré
Mon souffle de vie
Dégage une odeur
De mort putréfiée
Rendant putrescibles
Mes mots et mes phrases
Mâles et femelles
Sur ce terrain miné
De ma ville dévoreuse d’âme

Les larves putrides
De mon cœur pourri
Envahissent
Toutes les cellules
De mon être chaotique
Forcenées
A retrouver ce moment perdu
Dans la rivière du temps
Qui coule trop vite
Sans jamais s’arrêter

Et ces rats politiciens trop gourmands
Ces pilleurs de pays sans scrupules
Eux, charcutent mon cœur meurtri
Le cœur filefoiré de tout un chacun
Rendant infernale ma survivance
La survivance de tout un peuple exploité
Pendue dans les files des souvenirs voraces
Dans les files  des rêves avortés sans être conçus
Pour étouffer toutes les bouffées entremêlées
Et l’infernale putréfaction envahit tout mon espace
L’espace de toute une nation ravagée, pillée
Gisant dans les larves putrides de la zombification

Jean Frantz PHILIPPE
Poète, haïkiste, enseignant, animateur culturel,
Et rédacteur à INFERNO NEWS.
(pejifrantzou1@gmail.com )

Publié dans la revue INFERNO News, rubrique Poésie infernale, 05 avril 2016, No. 10

Enfènal

On chalè flanm founèz
Anwo tèt ak anba pye nou
Asfalt pabò isit pa gen pitye
Li kankannen tout plim avèk pwèl
Menm kè n atò tanmen chòv lanmou


Gogyohka créole, inédit.

samedi 16 avril 2016

Conseils aux poètes en herbe comme moi.

Je me suis beau cherché dans le monde poétique. J’ai même trop longtemps regardé dans le miroir des poètes. Je ne suis pas déçu. Car mon reflet d’avenir entant que poète est soleil de midi. Mais toutefois, j’ai compris ce que je devais comprendre depuis toujours, ce que des prétendus amis d’encre n’ont pas voulu m’apprendre par égoïsme et mesquinerie grossière. Mais le temps, la volonté, la soif et le désir effréné d’apprendre m’ont presque tout appris en ce qui attrait au poète. Et aujourd’hui, je suis plus que fier de partager avec vous tous, amants de la poésie d’ici et d’ailleurs, la synthèse de mon humble expérience qui n’a rien de mystérieuse mais qui peut vous conseiller pour mieux polir votre plume poétique. Et puis, un rappel n’est jamais de trop.

Le poète est celui qui fait passer du non-être à l’être. Puisqu’il donne existence aux « chose ». Il est un créateur, c’est-à-dire, il apporte toujours quelque chose de nouveau au monde poétique. Une chose qui n’a pas encore été dite, ou du moins, qui n’a pas encore été dite de la façon dont il le fait. Cela implique un compromis avec la beauté, le souci de plaire à la poésie et de créer des émotions fortes. Donc il bannit dans sa création des idées et formules toutes faites (les clichés) qui détruisent la beauté du texte jusqu’à le rendre mortel.

Le poète a pour mission de multiplier en nous les moments d’émotions intenses que nous vivons quand nous prenons conscience de la beauté autour de nous. Il le fait par l’éclat de son langage et par l’abondance des images qu’il nous offre. Cela suppose une maîtrise de la langue, l’emploi des figures littéraires (de mot, de genre, de style), des combinaisons de sons qui produisent un sens musical au texte par le jeu soit de l’assonance ou de l’allitération. La poésie est aussi un jeu de langage. Le poète veut nous amuser même quand il évoque des émotions tristes. Il attire également l’attention par des effets de surprise.

Pour exprimer la beauté, le poète utilise les mots, les sonorités, le rythme. Il est un musicien des mots. Le poète joue avec les sons et par là, inconsciemment, reproduit un plaisir oublié de son corps : le jeu des sons. Et aussi, à ne pas oublier, l’une des caractéristiques fondamentales de la poésie moderne c’est l’économie des mots, c’est-à-dire, la recherche de la beauté par des effets de silence, ellipse, syllepse, etc.

Enfin, le poète est l’homme de la réalité mais pas au même niveau que le commun des mortels. Bien qu’il vive la même réalité que les lecteurs : la misère, l’oppression, la dictature politique, les contraintes religieuses, etc., l’originalité du poète consiste dans son habilité à exprimer les laideurs par la beauté. Je veux dire par là qu’il est au seuil du monde et de son propre monde. Car la poésie a son propre langage. Et cela est valable pour n’importe quelle langue.

Quelques conseils pratiques :
  • D’abord lire davantage :
Je vous recommande en créole de lire les poètes haïtiens comme : Georges Castera Fils, Lyonel Trouillot, Evelyne Trouillot, Dominique Batraville, Jean Ephel Milcé, Franckétienne, Rodolphe Muller, Rodolphe Mathurin, Erold Saint Louis, Félix Morisseau Leroy, Manno Eugène, Inéma Jeudi, André Fouard, Bonel Auguste, etc.

En français, encore les poètes haïtiens René et Raymond Philoctète, Syto Cavé, Georges Castera Fils, Lyonel Trouillot, Faubert Bolivar, Djems Olivier, Kerline Devise, Dominique Batraville, Paul Harry Laurent, James Noël, Raynaldo Pierre Louis, etc.

Des poètes étrangers comme Yves Bonnefoy, Huguette Bertrand (sur internet), Jacques Prévert, Aragon, René Char, Paul Claudel, Aimé Césaire, Edouard Glissant, Pablo Neruda, etc.

  • Cherchez à maîtriser la syntaxe de la langue dans laquelle vous produisez. Chaque langue a son propre procédé de création et d’esthétique.
  • Et enfin, comme l’écrivain Jean Euphèle Milcé nous l’avait conseillé au Centre PEN-HAITI en août 2014, ayez une bonne paire de fesses pour pouvoir s’asseoir et travailler encore et encore. 

vendredi 15 avril 2016

E si yo te konnen ... ayisyen yo !

Si yo te konnen, ayisyen yo
ke chak zetwal Ayiti
jwenn li nan fon kè yo
ke chak flè, chak fri peyi a
ap dòmi nan pla men yo
ke si patri a fatige
boulvèse
vle peri
se sèl tèt ansanm yo ki kap sove l

Si yo te konnen, ayisyen yo
kouman je Ayiti tounen larivyè
anba tout chandeliye sa yo
chandeliye rankin avèk divisyon
chandeliye trayisyon avèk vyolans
chandeliye san avèk lanmò
yo tap kase tèt tounen
pou yo ba l ti priz sik mistik la
ki se tèt ansanm yo nan lanmou

Si yo te konnen, ayisyen yo
ke Ayiti rich tankou swazo nan syèl
yo tap sispann chita kalewès
voye monte on bann diskou san fon
nouri lògèy avèk divisyon
goumen pou pouvwa san nen
anba on dal kadav pouri
on ekip rigòl san ki prale
yo tap goumen pou peyi a pito

Si yo te konnen vre, ayisyen yo
men nan men se fòs peyi a
tèt ansanm se viktwa pou Ayiti
lanmou se sèl boukliye
kap frennen kòbya divisyon an
yo tap sispann jwe jwèt simityè sa
nan lakou Pòtoprens
nan chak vil, chak ti kwen nan peyi a
pou on men nan men sou wout pwogrè.

E Ayiti tap pi gran repiblik sou latè !


Jean Frantz PHILIPPE
Vendredi 15 avril 2016, 11h50 PM