Je me suis beau
cherché dans le monde poétique. J’ai même trop longtemps regardé dans le miroir
des poètes. Je ne suis pas déçu. Car mon reflet d’avenir entant que poète est
soleil de midi. Mais toutefois, j’ai compris ce que je devais comprendre depuis
toujours, ce que des prétendus amis d’encre n’ont pas voulu m’apprendre par
égoïsme et mesquinerie grossière. Mais le temps, la volonté, la soif et le
désir effréné d’apprendre m’ont presque tout appris en ce qui attrait au poète.
Et aujourd’hui, je suis plus que fier de partager avec vous tous, amants de la
poésie d’ici et d’ailleurs, la synthèse de mon humble expérience qui n’a rien
de mystérieuse mais qui peut vous conseiller pour mieux polir votre plume
poétique. Et puis, un rappel n’est jamais de trop.
Le poète est
celui qui fait passer du non-être à l’être. Puisqu’il donne existence aux
« chose ». Il est un créateur, c’est-à-dire, il apporte toujours
quelque chose de nouveau au monde poétique. Une chose qui n’a pas encore été
dite, ou du moins, qui n’a pas encore été dite de la façon dont il le fait.
Cela implique un compromis avec la beauté, le souci de plaire à la poésie et de
créer des émotions fortes. Donc il bannit dans sa création des idées et
formules toutes faites (les clichés) qui détruisent la beauté du texte jusqu’à
le rendre mortel.
Le poète a pour
mission de multiplier en nous les moments d’émotions intenses que nous vivons
quand nous prenons conscience de la beauté autour de nous. Il le fait par l’éclat
de son langage et par l’abondance des images qu’il nous offre. Cela suppose une
maîtrise de la langue, l’emploi des figures littéraires (de mot, de genre, de
style), des combinaisons de sons qui produisent un sens musical au texte par le
jeu soit de l’assonance ou de l’allitération. La poésie est aussi un jeu de
langage. Le poète veut nous amuser même quand il évoque des émotions tristes.
Il attire également l’attention par des effets de surprise.
Pour exprimer la
beauté, le poète utilise les mots, les sonorités, le rythme. Il est un musicien
des mots. Le poète joue avec les sons et par là, inconsciemment, reproduit un
plaisir oublié de son corps : le jeu des sons. Et aussi, à ne pas oublier,
l’une des caractéristiques fondamentales de la poésie moderne c’est l’économie
des mots, c’est-à-dire, la recherche de la beauté par des effets de silence,
ellipse, syllepse, etc.
Enfin, le poète
est l’homme de la réalité mais pas au même niveau que le commun des mortels.
Bien qu’il vive la même réalité que les lecteurs : la misère,
l’oppression, la dictature politique, les contraintes religieuses, etc.,
l’originalité du poète consiste dans son habilité à exprimer les laideurs par
la beauté. Je veux dire par là qu’il est au seuil du monde et de son propre
monde. Car la poésie a son propre langage. Et cela est valable pour n’importe
quelle langue.
Quelques conseils pratiques :
- D’abord
lire davantage :
Je vous recommande en créole de lire les poètes haïtiens
comme : Georges Castera Fils, Lyonel Trouillot, Evelyne Trouillot,
Dominique Batraville, Jean Ephel Milcé, Franckétienne, Rodolphe Muller,
Rodolphe Mathurin, Erold Saint Louis, Félix Morisseau Leroy, Manno Eugène,
Inéma Jeudi, André Fouard, Bonel Auguste, etc.
En français, encore les poètes haïtiens René et Raymond
Philoctète, Syto Cavé, Georges Castera Fils, Lyonel Trouillot, Faubert Bolivar,
Djems Olivier, Kerline Devise, Dominique Batraville, Paul Harry Laurent, James
Noël, Raynaldo Pierre Louis, etc.
Des poètes étrangers comme Yves Bonnefoy, Huguette
Bertrand (sur internet), Jacques Prévert, Aragon, René Char, Paul Claudel, Aimé
Césaire, Edouard Glissant, Pablo Neruda, etc.
- Cherchez
à maîtriser la syntaxe de la langue dans laquelle vous produisez. Chaque
langue a son propre procédé de création et d’esthétique.
- Et enfin, comme l’écrivain Jean Euphèle Milcé nous l’avait conseillé au Centre PEN-HAITI en août 2014, ayez une bonne paire de fesses pour pouvoir s’asseoir et travailler encore et encore.
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